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Dans les œuvres de sa nouvelle exposition, « White Heat », Raven Schlossberg superpose des images trouvées dans la presse avec des dessins à l’encre calligraphique et des extraits de publicités pornographiques, hautes en couleur, trouvés dans de vieux journaux. Les origines de ses images sont multiples : magazines de mode vintage et magazines de « lifestyle » destinés aux femmes au foyer, livres illustrés pour enfants, bandes dessinées bêbêtes, fanzines pour adolescents et la propre bibliothèque d’images pornographiques de Schlossberg, qui va des pin-ups tirées à quatre épingles des années 60 aux beautés hardcore d’aujourd’hui en passant par les photos kitschs de téléphone rose des années 80. Schlossberg assemble ces images en d’épaisses couches sur des toiles cirées de cuisine, sur des feuilles de vinyle ou sur du papier peint. Elle combine des images avec une part grandissante de bribes de texte, également issues de magazines. Ces collages sont porteurs de théorie sociale, de mythologie culturelle et de visions de désir brûlant. Alors que sa matière de travail est souvent banale, ses oeuvres sont elles littéraires, personnelles et séduisantes.

Tout comme l’œuvre de l’influent artiste européen Dieter Roth, les collages de Schlossberg sont des exemples poignants et perspicaces d’archéologie sociale, créés grâce aux coupures de média récupérées et au mélange d’artéfacts culturels avec des références personnelles. Dans un collage sans titre, Schlossberg juxtapose une romance facile, sous la forme de bourgeons de roses rouges et roses, avec du sexe bas de gamme représenté par des images de starlettes de films x aux langues roses et aux tétons alléchants. Ni les filles siliconées, ni le sentiment édulcoré suscité par les voluptueuses roses colorées ne laissent ressentir la moindre émotion d’amour ou d’intimité véritables. Il manque aux unes comme aux autres l’effet de surprise, la personnalité et le mystère nécessaires à l’amour. Schlossberg démontre que la romance et la pornographie, bien qu’étant des contrepoints parfaits sur l’échelle du pur Eros, se trouvent toutes deux dénuées de leur substance lorsqu’elles sont conditionnées et vendues dans une culture de consommation insipide. Un autre des collages, Violet, semble à première vue beaucoup plus doux. Pourtant, au milieux de strates de femmes au foyer conventionnelles et de jeunes filles papillonnantes, on retrouve une abondance de clichés de nus, qui met en exergue le rôle traditionnellement limité des femmes. Dans ces œuvres, comme dans le reste de l’exposition, la force de Schlossberg se manifeste dans la voix sage, posée, articulée et puissante qu’elle prête à ces images salées ou faussement sucrées qui sont accumulées dans les archives culturelles collectives des Etats-Unis.

Ana Finel Honigman

Raven Schlossberg vit et travaille entre New York et la Californie. Son œuvre a été présentée dans de nombreuses expositions aux Etats-Unis et en Europe. Parmi ses récentes expositions, on compte Crosscurrents: Selections from the Neuberger Berman Collection à l’Henry Art Gallery (Seattle), le Tampa Museum of Art (Tampa) et le Norton Museum of Art (Palm Beach) ainsi qu’une exposition personnelle au Musée Morsbroich (Leverkusen).

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