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BLANCPAIN ART CONTEMPORAIN inaugure le 14 septembre 2006, un magnifique espace situé au 63 rue des Maraîchers, à proximité du Bâtiment d’art contemporain, au coeur du Quartier des Bains.

Après 15 ans d’activités, la galerie Blancpain Stepczynski, située au 3, rue Saint-Léger, a fermé ses portes le 31 juillet 2006. Aujourd’hui l’aventure continue. Poursuivre ce parcours à la rue des Maraîchers, marque le souhait de Marie-Claude Stobart et de Sylvia Alberton de voir évoluer ce projet, de se diversifier et de s’agrandir. C’est donc avec grand plaisir que nous vous accueillerons le jeudi 14 septembre pour fêter l’ouverture de BLANCPAIN ART CONTEMPORAIN au cours de laquelle vous pourrez découvrir «Trafic d’influence», titre d’une exposition qui regroupe une série de travaux de quatre artistes dont la pratique se centre sur un medium en particulier.

TRAFIC D’INFLUENCE «Trafic d’influence» regroupe, pour un temps, les travaux de Balthasar Burkhard, de Marcel van Eeden, de Pascal Danz et de Stefan Thiel. Bien que le propos de chacune de ces oeuvres reste singulier, tous utilisent la photographie, comme pratique à part entière ou comme source de travail. Par cet accrochage, exclusivement composé de pièces réalisées en noir et blanc, nous avons souhaité réaffirmer le lien qui nous attache à certains artistes, déjà reconnus nationalement et internationalement et que nous avons le privilège de représenter.

Stefan THIEL Stefan Thiel présente une série de quatre découpages spécialement conçus pour cette exposition. Ce jeune artiste allemand s’est fait remarquer, il y a quelques années par son travail encyclopédique intitulé «The 120 Days of Sodom of The School of Debauchery» pour lequel il fit la transcription littérale du travail du Marquis de Sade en braille. Un engagement, long de sept années, qui lui permit d’explorer les possibilités artistiques du braille. A présent, son dernier cycle de travail, d’un maniérisme irraisonné et d’une grande précision, utilisent à nouveau le principe du système binaire : relief-plat, noir-blanc. Il transfère des photographies (pour la plupart les siennes) en silhouettes. Le contraste marqué du noir profond avec le blanc de ses images conduit à une esthétisation et à une précision intense de ce qui est dépeint. C’est ainsi que leur qualité symbolique devient éminemment apparente, appuyée par le choix des objets effectués par Thiel. Ce qu’il nous montre sont des situations du quotidien, des détails de la campagne et de la vie urbaine comme des objets singuliers. De ces décors, parfois peuplés, on remarque une absence manifeste de relation narrative. Ses découpages illustrent au contraire des faits de façon plutôt «documentaire» marqués par une grande distance prise face à la situation décrite. Le large cadre noir voulu par l’artiste vient rehausser l’unité graphique de chaque image. Stefan Thiel capture le flux des images de notre quotidien pour passer d’un portrait du monde en une vision du monde. Stefan Thiel est né en 1965 à Berlin. Il vit et travaille à Berlin.

Pascal DANZ Les peintures de Pascal Danz sont à la fois séduisantes et inquiétantes, romantiques et profondément contemporaines. Sensuelles en termes de couleur et de détail, elles mettent l’enchantement hors d’atteinte en refusant de livrer l’intégralité d’une image, reflétant à la place des effets multiples et fragmentaires de la vie urbaine. On pourrait interpréter son travail comme des fragments d’un récit continu. A la fois émotionnellement denses et intellectuellement engagées, ces peintures ont une certaine «physicalité» incitée par l’utilisation variée du coup de pinceau. La série «Crowds» présente son interprétation de personnages anonymes engagés dans une activité de masse. En travaillant uniquement à partir de photographies existantes, principalement des images facilement accessibles sur internet, Danz analyse l’identité de la peinture en créant un renversement continu de la réalité en place et de la virtuelle : la version picturale. Il retient notre attention grâce à la familiarité des images choisies afin de se déplacer au-delà d’elles et d’analyser des notions abstraites telles que l’espace, l’humeur et la lumière tout comme le statut de l’image, entre présentation, représentation et disparition. Dans les «crowds», la figure humaine demeure récurrente, leur qualité fluide évoque des images vues sur l’écran d’un ordinateur ou à travers une brume de chaleur miroitante. Cette ablation de qualité et de texture affranchissent les peintures de leur rôle descriptif et demandent d’être lues en termes de différence spatiale. Filtrées et médiatisées, les peintures de Pascal Danz retiennent la mémoire et la représentation d’origine. Lorsqu’on les découvre, il s’agit alors d’opérer un ajustement puis d’investir leur sens. Pascal Danz est né en 1961 à Bangui, République centrafricaine. Il vit et travaille à Zürich et Berlin.

Marcel VAN EEDEN Les dessins de Marcel van Eeden, des représentations d’événements divers, ne sont pas nés du rêve mais d’un fantasme. Celui de reconstituer le monde tel qu’il était avant 1965, année de sa naissance. L’obsession de cet artiste hollandais est de reconstituer le monde d’avant sa naissance et pour opérer ce voyage dans le passé, il s’aide de vieux magazines, d’atlas géographiques, de guides de voyage, de revues, de cartes postales jaunies... Chaque soir, il choisit une image, une photographie de préférence, la copie sur un carton 19 x 28 cm puis l’insère sur son site internet (www.marcelvaneeden.nl). Parfois il utilise la couleur, mais le plus souvent il manie le crayon noir. Il obtient des tonalités subtiles, trame les images comme s’il se refusait à un trop grand effet de netteté. Aujourd’hui Marcel van Eeden a produit plus de 3000 dessins, tous nés d’une même interrogation. «Avant ma naissance, je n’y étais pas. Après ma mort, je n’y serai pas non plus. À quoi ressemble le monde où je ne figure pas?» A en juger par son oeuvre, ce monde ressemble à un film noir des années 40. Avec des coins de rues déserts, des intérieurs faiblement éclairés, des personnages... Un univers à la Edward Hopper, mais dans une version européenne et grisée. Comme Hopper, van Eeden affectionne les ambiances nocturnes et les architectures désolées. C’est la même fascination pour le banal, l’ordinaire et les scènes de vie quotidienne. Marcel van Eeden a beau recourir à une technique de dessin artisanal, adopter une iconographie passéiste, son projet n’a rien de nostalgique. Plus philosophe que littéraire, il ne reconstitue pas le bon temps, ni même le temps perdu, mais le temps circulaire, qui mène du néant à la vie et de la vie au néant en une boucle sans fin. A peine plus optimiste que Cioran, l’auteur de De l’inconvénient d’être né et dont il a pris le pseudonyme sur internet, Marcel van Eeden a intitulé sa série de dessins «L’Encyclopédie de ma mort». L’oeuvre est systématique, monomaniaque, fondée sur le recours à un matériau, un même format, un même cadre. La nouvelle série de dessins de Marcel van Eeden, exposées lors de la dernière Biennale de Berlin, est exclusivement consacrée à la vie réelle et imaginaire d’un homme, Monsieur K.M. Wiegand. Ce travail représente le développement futur de sa pratique. Il contracte et développe simultanément le passé, par le biais de l’histoire de la vie d’un individu. Marcel van Eeden est né en 1965 à La Haye. Il vit et travaille à Berlin.

Balthasar BURKHARD «Aujourd’hui, mieux vaut oublier l’homme dans la nature et faire acte de témoignage par la photographie. C’est ce que pratique Balthasar Burkhard depuis des années dans les montagnes de son pays, dans la jungle du Rio Negro de l’Amazonas, dans les déserts de sable et d’habitations urbaines. Il le fait avec autant d’élan que de retenue, tout attentif qu’il est à éviter l’insinuation d’une symbolique ringarde, y compris là où se dressent les silhouettes familières des sapins et où les gorges risquent de documenter la fixation anale chez Karl May. Les reflets des sous-bois dans l’eau sont décents, le danger est signalé par la lumière et non par l’obscurité. Le portrait qu’il fait du ciel reste plutôt informel et si un drame s’annonce, il ne l’amplifie pas mais l’expose selon l’appréhension visuelle ordinaire, de gauche à droite. Les images urbaines : telles les rues des Incas qui viennent buter et se perdre contre le volcan, les villes, qu’elles soient de conception romaine ou qu’elles naissent en spirale, trouvent leurs limites dans la côte et dans des stades, elles incarnent les contradictions comme proliférations et alignements, noyaux centraux et maisons individuelles, disposition soignée ou plan chaotique. La perspective rappelle quelquefois Gerhard Richter, pour faire ensuite penser aux premières formations en spirale sorties du sol d’infrastructure chez Hundertwasser. Mais quelles que soient ces villes, partout le survol de la mer urbaine en hélicoptère confirme que la distance a l’avantage de permettre d’imaginer la vie humaine. Les photos peuvent être élégies.» [Harald Szeemann, Balthasar Burkhard, photographer, Scalo, 2004] Balthasar Burkhard est né en 1944 à Berne. Il vit et travaille à Berne.

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Balthasar Burkhard, Marcel van Eeden, Pascal Danz, Stefan Thiel