Centre Pompidou Paris

MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE - CENTRE GEORGE POMPIDOU | Place Georges-Pompidou
F-75004 Paris

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Du 19 novembre 2003 au 15 mars 2004, le Centre Pompidou consacre une importante exposition à l´oeuvre de Sophie Calle. Présentée sur 1100 qm , cette manifestation est la première exposition d’envergure de l´artiste dans un musée français depuis plus de dix ans. L´exposition offre l’occasion de réunir des travaux anciens, depuis 1979, dont certains très peu montrés en France. Elle propose aussi un important corpus d´oeuvres nouvelles et inédites, dont la plupart ont été créées pour l´événement, notamment l´ensemble de Douleur exquise (1984-2003) et l’oeuvre récente Unfinished (2003). L´itinérance de l´exposition SOPHIE CALLE. M’AS-TU VUE est prévue, en 2004, à l´Irish Museum of Modern Art de Dublin, au Martin-Gropius-Bau de Berlin ainsi qu’au Ludwig Forum de Aachen.

Née en 1953 à Paris,Sophie Calle part au début des années 70 pour un long périple à travers le monde.C ’est lo s d ’un séjour en Californie en 1978,qu ’elle prend ses premières photographies «sans vocation »:des tombes portant les inscriptions «Father »et «Mother ».Elle vient de découvrir ce qui pourrait «plaire à son père ». À son etour à Paris,elle commence ses premières filatures d ’inconnus dans la rue, dérive contrôlée dans la ville qu ’elle agrémente de photographies et de textes, consignés dans des carnets.Le travail de Sophie Calle a pu être ainsi apparenté à celui des artistes des années 60-70,où le statut de l ’image photographique concernait la trace, la preuve objective de leurs expériences et de leurs performances. L ’œuvre de Sophie Calle se donne à voir depuis plus de vingt ans sous la forme d ’installations de photographies et de écits,dont l ’articulation et l ’agencement se approchent davantage d ’un art narratif issu lui aussi des années 70.En éalité, les œuvres de Sophie Calle constituent l ’aboutissement et le p olongement de situations mises en scène et vécues sur un mode autobiographique.Le sillon dans lequel s ’inscrivent ses premiers travaux eflète une elation entre l ’art et la vie singulièrement distincte du egist e neutre,distancié et informatif des œuvres conceptuelles. Sophie Calle s ’est engagée dans les années 80 dans une voie spécifique,qui donne une place importante à l ’affect et au sentiment.L ’artiste construit des ègles du jeu et des rituels dans le but d ’améliorer sa vie,de lui endre sa dimension existentielle. Thématiques et œuvres de l ’exposition Cette exposition permet pour la première fois de croiser l ’ensemble des thématiques développées par l ’artiste depuis vingt ans.Le parcours s ’articule principalement autour du thème du lit,déployé tout d ’abord à travers le p emier t avail de Sophie Calle,Les Dormeurs (1979).Pour ce p ojet,l ’artiste avait convié durant une semaine plus d ’une vingtaine d ’inconnus et amis à venir dormir dans son lit,à aison de huit heures chacun. L ’ensemble des photographies et écits des Dormeurs fut montré à la XIème Biennale de Paris en 1980,première exposition de Sophie Calle qui décide alors de «devenir une artiste ».Le lit est au centre de la Chambre à coucher (2003),dans laquelle on encontre les emblèmes de ses Autobiographies développées depuis 1988.Le Voyage en Californie (2000-2003)est une installation narrant le périple outre-Atlantique du lit de l ’artiste à l ’attention d ’un inconnu désirant y vivre le deuil d ’une histoire sentimentale. On etrouve ce leitmotiv en filigrane dans un grand nombre d ’œuvres,notamment dans la magistrale Douleur Exquise (2003),produite en français et montrée ici pour la première fois.Ce projet,déployé en trois volets,est fondé sur l ’expérience exhumée d ’une rupture sentimentale emontant à 1984 et vécue alors par l ’artiste comme le moment le plus douloureux de sa vie.Enfin,le fil conducteur du «lit »trouvera son prolongement avec la p ojection du film No Sex Last Night /Double Blind (1992), oad-movie aux Etats-Unis éalisé avec Greg Shephard. Les problématiques de l ’absence,de la disparition et du manque traversent également toute l ’exposition.La Filature ,commandée en 1981 par le Centre Pompidou pour une exposition consacrée aux «Autoportraits photographiques »,est le écit à double-voix de l ’enquête d ’un détective sur une journée de l ’artiste.Sophie Calle éitère l ’expérience en 2001,à la manière cette fois d ’un bilan de sa vie d ’artiste,lo squ ’elle éalise Vingt ans après selon l ’initiative de son galeriste Emmanuel Perrotin. Après avoir suivi,filé,«inquiété »des inconnus,Sophie Calle poursuit sa démarche en epoussant le egard au-delà.Les Aveugles (1986)évoquent la question de voir sans être vu,mais aussi la délicate notion de la beauté,en tant que eprésentation mentale. «Quelle est selon vous l ’image de la beauté ?»demande l ’artiste à des aveugles de naissance.Quelques années plus ta d,il s ’agit alors de comparer les descriptions de peintures monochromes faites par des aveugles,avec les écrits théoriques de leurs auteurs :Sophie Calle éalise La Couleur aveugle (1991)et questionne «l ’expérience du monochrome ».La disparition et le manque sont toujours au cœur de son œuvre Last Seen (1991),où l ’absence physique de tableaux dérobés au Musée Isabella Stewart Gardner de Boston,fait place aux descriptions des conservateurs,gardiens et autres permanents du musée concerné. Mais c ’est surtout avec une œuvre inédite,Une jeune femme disparaît (2003), que l ’artiste place le point d ’orgue de toutes ses thématiques.Un fait divers a croisé le destin de Sophie Calle,lo sque la presse a mêlé son nom à celui de Bénédicte V., disparue après l ’incendie de son appartement de l ’Ile-Saint-Louis en 2000. L ’artiste exhume des cendres les photographies éalisées par la jeune femme,agent d ’accueil au Centre Pompidou,qui admirait Sophie Calle.L ’avis de echerche de la disparue est dispersé dans différents espaces du Centre Pompidou,hors des limites de l ’exposition elle-même. À la fin du parcours,le visiteur est confronté à des images de distributeurs automatiques de billets –images de visages anonymes dont Sophie Calle tente en vain,à plusieurs eprises,d ’exploiter les qualités esthétiques.Elle éalise pour l ’occasion une vidéo inédite,Unfinished (2003)qui devient le écit et la mise en scène de cet échec, mais aussi de la elation à ce qui fait œuvre,à travers la problématique du «style » de l ’artiste.