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Plusieurs expositions récentes ont révélé la vitalité de la scène artistique polonaise contemporaine. L’émulation produite par les débats artistiques des années 1980, entre postmodernisme et néo-avant-garde, a fait de cette scène, récemment émancipée, un laboratoire d’expérimentations dont les produits ont largement dépassé les frontières nationales. Si bien que les enjeux d’une histoire récente, dont la mémoire collective polonaise ne saurait se défaire, dépassent largement les considérations identitaires.

Miroslaw Balka (Varsovie, 1958), plus que tout autre, inscrit son œuvre dans la ligne de contiguïté entre mémoire individuelle et mémoire collective. L’attachement aux matériaux et de dispositifs chargés de sens relèvent autant de la sphère intime que du bien commun. L’héritage de Joseph Beuys, qui fit don au musée de Lodz de sa collection POLENTRANSPORT n’y est pas étranger. Les deux artistes partagent l’utopie sociale liée aux avant-gardes historiques tout en sollicitant fortement l’expérience individuelle.

L’installation " Bon Voyage " (2004) présentée au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg et réalisée spécifiquement pour ce lieu, est un monument dans lequel l’histoire tragique de l’humanité croise la mémoire individuelle. Au milieu de quatre écrans sur lesquels sont projetées des images filmées par l’artiste du camp de concentration de Majdanek vu de l’extérieur, se trouve un carrousel de square, sur lequel le visiteur peut prendre place. Intrusion de la vie et de l’enfance au milieu d’images de mort, renaissance individuelle sur les cendres de la mémoire collective, cette installation interroge, à travers son caractère autobiographique, le rapport de chacun à l’histoire. Elle dit également combien le bonheur et l’insouciance sont fragiles face à l’entreprise de destruction. Symboliquement située au cœur de l’Europe, elle rappelle combien l’idée moderne de démocratie est encore balbutiante et toujours menacée par d’anciens démons.

L’œuvre de Balka est essentiellement autobiographique, puisant dans une histoire marquée par la contrainte religieuse et politique, mais aussi par des représentations symboliques et monumentales. L’artiste se plaît à rappeler que son grand père était sculpteur funéraire, ancrant ainsi dans l’imaginaire de l’enfant, la mort et, à travers elle, la mémoire collective. Les formes monolithiques simples qui ponctuent l’œuvre de l’artiste à partir des années 1990, parfois interprétées à tort comme relevant d’une esthétique minimaliste, portent la double trace de l’histoire personnelle et du monument. Étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie dans les années 1980, Balka centre son travail sur le corps humain, figuré par des moulages, manipulé et modifié, associé à des objets issus de l’environnement immédiat de l’artiste, mais évoquant toujours la précarité et la mort. Par la suite, les installations prennent un tour monumental, usant de matériaux simples mais chargés de significations : cendres, sel, planches de bois, fils de fer oxydés, briques, papier journal. Chacun de ces dispositifs consiste en un agencement précaire d’objets à forte charge symbolique qui sont autant de traces des corps disparus (Cercueil, urne, lit, chaise) ou de rituels accomplis (bougies, autel, coffret, livre).

Dès les années 1980, Miroslaw Balka participe à de nombreuses expositions de groupe en Pologne et ailleurs. Il représente son pays lors de la Biennale de Venise en 1990. L’année suivante, sa première exposition individuelle est organisée par la galerie Foksal à Varsovie, tandis que plusieurs de ses œuvres sont présentées à Londres, Cologne, Los Angeles, Krefeld, Chicago. Par la suite Balka participe à de nombreuses expositions internationales majeures et entre dans les collections les plus prestigieuses : Tate Modern, Londres ; Hirshhorn Museum, Washington ; Stedelijk van Abbemuseum, Eindhoven.

Cette exposition a bénéficié du soutien de l’AFAA (Association française d’action artistique) et se déroule dans le cadre de l’année de la Pologne en France.

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Miroslaw Balka BON VOYAGE