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Vernissage le 30 avril 2008 à 18h

Miranda Pennell étudie la danse contemporaine à New York et Amsterdam avant d’explorer le mouvement humain à travers le prisme de la caméra. Tandis que son œuvre filmique l’écarte peu à peu de la danse, son intérêt pour la performance demeure central ; l’espace, le temps, le rapport entre sujet humain et caméra, l’observation du mouvement et du calme, sont appréhendés par une sensibilité chorégraphique précise et particulière.

Ses films et vidéos interrogent le monde « réel », dans ses endroits parfois improbables et ses sujets diversifiés : cascadeurs, patineurs adolescents, soldats. Ces personnages, dont les actions s’inscrivent souvent dans une forme de collectivité, semblent coordonnés par des logiques incertaines, régis par des règles dissimulées au spectateur. Les chorégraphies, comme des rituels, s’articulent au moins au nombre de deux : celles des acteurs et de la caméra, et résonnent en « contrepoint » (Miranda Pennell). Aucune n’est réductible à l’autre.

Dans You Made me Love You , 31 danseurs et danseuses jouent au chat et à la souris avec la caméra (John Smith), qui se déplace de manière inattendue, vite ou lentement, à gauche et à droite sur un rail. La troupe de danseurs de ballet essaie de garder un contact visuel avec la caméra. Leurs regards qui emplissent le cadre désorientent le spectateur. La bande son ménage des moments de tension sourde alternée avec le piétinement des danseurs ; un bruit d’autant plus confus qu’on ne voit pas les pieds à l’image. Comme une bataille pour attirer l’attention sur la piste, ce film rappelle aussi la course effrénée à la visibilité médiatique. « Perdre le contact peut être une expérience traumatisante ». (Miranda Pennell)

Dans les films de Miranda Pennell, le mouvement de l’acteur se heurte à l’attitude rigide de la caméra. En ce point de friction, et en filmant les détails, parfois jusqu’au flou, Pennell parvient avec un art très graphique à dégager de ces univers poésie et charge émotionnelle.

Drum Room ressemble tout d’abord à l’étude architecturale d’un bâtiment contemporain. Des plans magnifiques dévoilent de grands intérieurs formels, géométriques, et étrangement vides jusqu’à l‘apparition de jeunes musiciens rock qui apprennent collectivement à jouer en solo. Peu de films ont cherché à filmer le son... Miranda Pennell anime les lieux par les répercussions visuelles et sonores du mouvement des musiciens : importance du mouvement (baguettes de batteur tournoyant sur fond bleu, mimique du professionnel concentré) autant que du son créé par l’instrument. Elle relève que ce qui est beau dans une interprétation musicale, c’est aussi la présence physique du musicien et sa manière d’occuper l’espace. Le son comme une forme qui vient colorer le silence.

Miranda Pennell filme l’intimité de la performance humaine. Dans ses expéditions documentaires, l’artiste se dirige vers l’étrange et vaste monde parallèle de la danse amateur, dans lequel les sujets évoluent précisément hors du monde formel de la représentation. Pennell jongle entre intimité et distance. Même si les visages semblent ouverts à nos regards, notamment grâce à la proximité du gros plan, l’imaginaire qui les habitent reste insaisissable. L’artiste remet en cause la relation spectateur-sujet : le spectateur s’identifie au sujet mais ne peut que s’efforcer de deviner son monde intérieur.

Chaque image choisie avec perfectionnisme s’impose au spectateur comme une affirmation : « Vous ne voyez que ce que je vous montre ». Nous n’entendons pas toujours le son qui correspond au mouvement, au rythme, nous ne voyons pas l’objet qui captive les regards des danseurs.

Ses films et vidéos sont projetés dans des cinémas indépendants, mais également dans des expositions de galeries. Elle a reçu des fonds des Arts Council England, Film London’s Artists Film et Video Award, Channel 4 British Documentary Foundation, ainsi que de la BBC television. Elle a gagné de nombreux prix comme celui du Ann Arbour Film Festival (USA 2004), du Cork International Film Festival (Irlande 2003), le Grand Prix Video Danse (France 1997). En 2005, Miranda Pennell gagne le prix jeune créateur du DIP lors de la 11e Biennale de l’Image en Mouvement avec Fisticuffs, Grande Bretagne, 2004.

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Miranda Pennell
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