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Knut Åsdam (né en 1968 en Norvège) s’intéresse à la manière dont chaque individu vit aujourd’hui dans la ville, traversé par les pensées, les références, les désirs, les conflits qui l’animent. Les espaces qu’il conçoit dans ses expositions fonctionnent en échos des images ou des sons qu’il y diffuse, comme de véritables lieux d’expérience. Il recourt souvent aux films, dont la ville est un véritable sujet, une ville qui est créée par ceux qui l’habitent tout autant qu’elle les façonnent. À travers la création d’un jardin et la diffusion de deux de ses films récents, Knut Åsdam propose à chaque visiteur du Frac Bourgogne d’éprouver l’état instable, toujours en reconstruction, des subjectivités contemporaines.

L’artiste affirme des intérêts précis, qui concernent la manière dont les individus construisent et négocient leur identité au sein des règles et organisations de la société contemporaine, selon des formes très diverses. Films, photographies, œuvres sonores, interventions urbaines, sont exposées au sein d’espaces conçus par l’artiste pour en augmenter les conditions de perception. Ces espaces démultiplient les enjeux et le sens des œuvres à voir ou à entendre. C’est dans cette direction qu’il a travaillé pour son exposition au Frac Bourgogne. L’espace central recrée un parc de nuit, The Care of the Self est régulièrement réactualisé depuis 1999 - date de sa création pour le pavillon nordique à la Biennale de Venise. Le visiteur le traverse pour voir les deux films Filter City, réalisé en 2003, et Blissed que Knut Åsdam a produit en 2005. Ce dispositif place le spectateur en présence de situations instables, comme autant d’histoires pour aborder la subjectivité aujourd’hui. Le jardin public est un espace particulier dans la ville auquel Knut Åsdam s’intéresse moins pour sa fonction urbanistique que pour ce qu’il génère. En choisissant l’obscurité, il trouble son identification. Si le parc est, le jour, un lieu de promenade et de jeu, il peut devenir la nuit un lieu de rencontres sexuelles, occupé par les usagers de drogues ou les sans logis. C’est bien à cette instabilité de la ville tout autant qu’à celle de ses habitants que s’intéresse Knut Åsdam. Celle-ci est envisagée d’un point de vue temporel, comme un mouvement permanent dans lequel ni le lieu ni les subjectivités ne sont fixés.

Il travaille cette dimension également dans la matière même des films, dont les formes sont très cinématographiques par le recours à la fiction narrative ou au montage. Le langage y joue un rôle déterminant, comme un échos à l’intériorité de chaque personnage. Pour Filter City, deux femmes dont on ne connaît pas la nature du lien (amies, amantes, simples connaissances) se déplacent dans la ville, personnage à part entière. L’artiste a voulu créer une symbiose entre ces femmes perdues dans leur relation aux autres et à elles-mêmes mais aussi perdues dans la ville qui semble vivre sans elle. Blissed s’intéresse davantage aux liens d’amitié, le langage et le rapport à l’architecture à nouveau manifestent leurs relations affectives tout autant qu’ils les déterminent.

Si sa pensée poursuit les pratiques artistiques politiques et critiques des années 70 et 80, Knut Åsdam cherche ailleurs. Par la précision de la construction de ses dispositifs, il s’emploie selon ses propres termes à « lutter corps à corps » avec les repères conventionnels, qu’ils soient d’ordre politique, sociaux ou psychologiques. Il choisit pour le faire un langage qui peut être largement partagé par les personnes du monde de l’art ou lui étant extérieur. Ainsi le parc urbain que chacun a pu traverser ou les films de fiction. La forme poétique est alors la plus à même de rendre la complexité tout autant que la richesse des possibles constructions de soi dans le monde contemporain.

Texte: Claire Legrand, responsable du service des publics

Pressetext

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Knut Asdam
kuratiert von Eva Gonzalez-Sancho

Stationen:
07.10.05 - 04.12.05 Kunsthalle Bern
18.03.06 - 20.05.06 Frac Bourgogne