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Amateur et collectionneur de photographie, Marc Boisseuil a rencontré de nombreux artistes qui ont réalisé son portrait entre 1970 et 2003 : Christian Boltanski, Daniel Boudinet, Antoine d'Agata, Jean-Marie del Moral, Pierre-Olivier Deschamps, Richard Dumas, Bernard Faucon, Peter Hujar, Colette Jobard, Xavier Lambours, Duane Michals, André Ostier, David Seidner, Benjamin Verspieren.

C'est l'ensemble de ces portraits que Marc Boisseuil a souhaité déposer dans les collections de la Mep.

Dans un des textes du catalogue qui accompagne cette présentation, Christian Caujolle commente ainsi cette démarche : […] "Marc Boisseuil développa une pratique originale, apparemment excentrique et qui constitue aujourd'hui un ensemble passionnant. Non content de collectionner les artistes qu'il aimait, il leur passa commande et leur demanda de réaliser son portrait. Un quart de siècle plus tard et même si elle n'est pas constituée de centaine d'épreuves, cette collection dans la collection se révèle être unique et pose, au-delà de la qualité des images, des questions tout à fait troublantes. Il ne servirait à rien de discuter la liste des auteurs sollicités : ils correspondent à un goût, à la fois singulier et sûr, qui est celui du commanditaire. On notera simplement que l'ensemble fait preuve s'une belle curiosité en sollicitant, par exemple, un Duane Michals à peine connu en France alors qu'il est déjà une star aux Etats-Unis, mais surtout de tous jeunes auteurs comme Faucon ou Seidner. Cette curiosité fonde une des richesses de la collection, qui témoigne d'un moment de découverte de la photographie contemporaine en réunissant des œuvres de jeunesse d'auteurs aujourd'hui reconnus et qui n'ont que rarement travaillé en commande. Outre cet aspect " documentaire et historique ", l'ensemble interroge fortement sur les motivations qui l'ont fondé. La première réaction est évidemment une surprise face à ce que l'on ne peut d'abord que considérer dans sa dimension narcissique. Elle n'est évidemment pas absente, mais il serait bien court de s'en tenir là. (…) On a davantage le sentiment d'une prise de risque réelle, qui fait que, mû certainement par une curiosité amusée, le "modèle" a voulu confronter l'image qu'il avait de lui au regard de ceux dont il aimait le travail. (…) Confronter l'image que l'on se fait de soi à celle que d'autres vont donner de vous est preuve d'un incontestable courage, tant le portrait est une perpétuelle tension entre celui qui veut fabriquer votre image à l'aune de son regard et notre résistance à préserver ce que nous aimerions paraître. Il y a, paradoxalement, de l'humilité dans la démarche. De là, le sentiment que nous avons, en parcourant cet ensemble qui n'est peut-être pas une collection, qu'il s'agit davantage d'une réflexion sur la photographie et sur le genre du portrait que d'une satisfaction de l'égo du modèle."

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