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À cette occasion, Laura Cottingham, critique d'art et commissaire d'exposition américaine, a réuni une trentaine d'artistes contemporaines et rassemblé des oeuvres du début des années 70 et de la seconde moitié des années 90. Documents historiques et oeuvres d'art (vidéos, films, photographies, performances, sculptures, peintures et installations) seront exposés conjointement.

Les écrits théoriques et l'activisme issus du mouvement de libération des femmes né à la fin des années 60 et au début des années 70 ont permis aux femmes de prendre conscience de leur identité et de leur poids historique et politique. Si les mouvements de libération des femmes ont vu le jour dans les grands centres urbains des pays les plus fortement industrialisés - l'Angleterre, le Canada, le Danemark, l'Allemagne, le Japon, l'Italie et l'Espagne, entre autres -' la France et les États-Unis ont entretenu des rapports privilégiés en raison de l'influence décisive que Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, publié en 1949, a exercée sur la naissance et l'orientation du mouvement féministe américain.

Un extraordinaire mouvement artistique est apparu aux États-Unis en réaction et parallèlement au mouvement de libération des femmes. Le "American Feminist Art Movement" a fondé de nouvelles écoles, ouvert des galeries alternatives sous forme de coopératives, lancé de nouveaux magazines, milité avec succès contre la discrimination sexuelle dans les musées et les galeries, et créé une nouvelle esthétique pour apporter le regard de la conscience féministe dans l'art. En France et en Europe, la transformation du féminisme en une pratique artistique a bien eu lieu, même si le nombre de femmes artistes dans les années 70 a été sans commune mesure avec le mouvement considérable qui a galvanisé les États-Unis. Les oeuvres des féministes de la première génération se concentrent sur l'identité et l'expérience féminines, tentent de réhabiliter le "travail des femmes" (y compris les travaux domestiques et l'artisanat), explorent la sexualité féminine, remettent en cause les stéréotypes sexuels et mettent à l'honneur l'histoire des femmes.

À l'invitation de Yves Aupetitallot, directeur du MAGASIN, Laura Cottingham a rassemblé des oeuvres de Martine Aballéa, Chantai Akerman, Ghada Amer, Nancy Angelo et Candace Compton, Eleanor Antin, Polly Apfeibaum, Dyke Action Machine !, Mary Beth Edelson, Nicole Eisenman, Géraldine Gallavardin, Nicole Gravier, Françoise Janicot, Mierle LadermanUkeles, Natacha Lesueur, Lea Lublin, Cynthia Maughan, Susan Mogul, Tania Mouraud, Nicola, Lorraine O'Grady, Orlan, Gina Pane, Adrian Piper, Martha Rosler, Dorothée Seiz, Hannah Wilke, Womanhouse et Nil Yalter - Nicole Croiset - Judy Blum.

La salle documentaire rassemble certaines Archives du Mouvement de Libération de la Femme (1970) à travers un choix de tracts, de livres, de reflets filmés de manifestations féministes, de photographies, de manifestes, d'affiches, de badges politiques et d'autres objets historiques qui sont les témoins des mouvements de libération des femmes français et américains des années 70, comme ce premier reportage télévisé, diffusé nationalement, de la manifestation féministe "No-More-Miss-America", en septembre 1968 à Atlantic City, New Jersey (Etats-Unis) et de la marche sur la 5e Avenue à New York en 1972 ; pour la France, la salle documentaire présente un reportage de la Manifestation de 1972 à Bobigny et de la Manifestation pour l'avortement en 1979 à Paris.

Description de quelques unes des artistes présentées dans l’exposition

Dyke Action Machine! La synthèse entre l'esthétique et la politique qu'ont tentée d'effectuer les artistes proches du mouvement artistique féministe dans les années 70 a donné naissance à différentes stratégies artistiques dans tous les mediums visuels. L'activisme qui informait les fondements des mouvements de libération des femmes a inéluctablement fait de l'affiche un support populaire (qu'on trouve, notamment, dans les oeuvres de Mary Beth Edelson et de Hannah Wilke). Il a pour héritiers les affiches de Dyke Action Machine !, un collectif créé à New York en 1991. En récupérant les slogans des mass-médias et la publicité, Dyke Action Machine ! représente la culture américaine moyenne par des voies directes qui font l'apologie de la culture lesbienne et s'en prennent à l'hétérosexisme de la société américaine. Les affiches exposées dans "Vraiment" étaient à l'origine placardées dans les rues de New York - plus précisément sur les façades d'édifices publics

Nicole Gravier Les féministes des années 70 virent, dans la tradition visuelle européenne qui cantonnait la représentation de la femme dans des catégories restreintes - muse, mère, prostituée, métaphore -, l'équivalent de la subordination politique des femmes aux hommes. De nombreuses artistes des années 70 s'attachèrent à redéfinir et remodeler la représentation de la femme en modifiant, en critiquant, en rejetant et en retouchant les images de la femme que véhiculent les beaux-arts et les mass-médias. Les installations photographiques de Nicole Gravier présentées dans "Vraiment" proviennent de deux séries différentes qui datent de la fin des années 70 et qui comprennent une quête féministe de l'identité féminine et - dans la série intitulée "Publicité" - une critique féministe de la publicité classique.

Natacha Lesueur Avec l'émergence de la conscience féministe, les femmes se mirent dans les années 70 à mettre en question la construction du "féminin". En particulier les cosmétiques, l'habillement féminin, la coiffure et d'autres signes de la "féminité" apparurent comme des terrains de recherche esthétique appropriés (voir Womanhouse, "Representational Painting" d'Eleanor Antin, "Le Baiser de l'artiste" d'Orlan, etc.). Dans les années 90, l'oeuvre de jeunes artistes comme Natacha Lesueur continue d'explorer les codes culturels de la féminité. De même que les artistes des années 70 concentraient leurs recherches sur leur corps, sur l'intérieur de leur corps ou sur ce qui l'entoure, Natacha Lesueur se prend à la fois comme sujet et comme objet de son art.

Tania Mouraud La prééminence donnée à la subjectivité et à l'expérience féminine est peut-être l'héritage esthétique et socio-politique le plus marquant des mouvements artistiques féministes. Dans ses oeuvres du début des années 70, Tania Mouraud explore les rapports de l'identité féminine à travers le temps, l'espace et le lieu, comme dans "People Call Me Tania Mouraud" (1971-1973) et "People Call Me Claudia Calleux" (1971-1973). Dans "Can I Be Anything Which I Say I Possess ?" (1971), Tania Mouraud se penche sur les limites que la culture impose à l'autorité et à la propriété féminine, tandis que les organes génitaux de la femme sont au centre de "Rose..." (1974) dans une représentation métaphorique qui force la caméra à "voir" une vulve dans la rose.

Dorothée Selz Dans les cinq diptyques exposés dans "Vraiment" - et créés en 1973, bien que trois d'entre eux aient été recréés à l'occasion de cette exposition -' Dorothée Selz étudie les rôles visuels et sociologiques que le système patriarcal attribue aux femmes. Chacun des diptyque représente, à gauche, l'image d'une femme tirée d'un magazine pornographique des années 70, tandis que, sur la droite, l'artiste a recréé la même image avec des accessoires, des dessins et la représentation de son propre corps. Pour souligner la position ironique et critique de la représentation qu'elle donne d'elle-même, Selz a fait encadrer de sucre coloré toutes les images de "Mimétisme relatif". Parmi d'autres recherches sur les représentations pornographiques classiques de la femme qui datent du début des années 70 figurent, entre autres, celles de Hannah Wilke et d'Orlan. Dans les années 90, la même stratégie se poursuit dans l'oeuvre d'artistes telles que Ghada Amer.

Pressetext

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Vraiment Féminisme et art
Kurator: Laura Cottingham

mit Chantal Akerman, Ghada Amer, Polly Apfelbaum, Nicole Croiset, Nicole Eisenman, Nicole Gravier, Francoise Janicot, Natacha Lesueur, Cynthia Lee Maughan, Tania Mouraud, Orlan , Gina Pane, Adrian Piper, Martha Rosler, Sue Schaffner, Dorothee Selz, Hannah Wilke ...