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Cette sélection de nouvelles œuvres britanniques regroupe diverses explorations sur l’image en mouvement, émanant de jeunes artistes aussi bien que de vidéastes renommés. Librement groupés autour de trois thèmes – performance, paysage et narration, musique – les programmes reflètent également un intérêt pour des questions de présence et d’expression humaines, d’interrogation de la construction digitale et filmique, ainsi que pour les rapports ambigus entre fiction et documentaire. Ces questions sont fréquemment abordées avec humour et produisent des œuvres complexes, générant de multiples niveaux de sens.

Mardi 27 mai 2008 – 21h00 «Performances»

La présence humaine se fait ici tour à tour ludique ou énigmatique, parfois prétexte à l’articulation de considérations formelles. La démarche de Martin Coates trace avec humour des parallèles entre des rites d’animaux et la culture et le comportement humains. Le film de Ben Rivers, développé à la main, engage le public dans un pèlerinage mystérieux et déconcertant, tandis que Wood et Harrisson font interagir une feuille A4 avec deux ventilateurs électriques.

*Ben Rivers, The Coming Race, 2006, 5 min. (16mm) Dans ce film des milliers de personnes escaladent un terrain rocheux de montagne. La destination et le but de leur ascension reste peu clair ; Ce mystérieux et périlleux pèlerinage est chargé d’intentions inconnues.The Coming Race est le titre d’un roman publié en 1870 par Edward Bulwer-Lytton et est considéré comme l’un des premiers romans de science fiction. Le narrateur y raconte sa découverte d’un peuple souterrain technologiquement avancé.

*Jayne Parker, Catalogue of Birds; book 3, 2006, 15 min. 30 Une interprétation visuelle de la musique pour piano de Olivier Messiaen.

*Marcus Coates, Dawn Chorus, 2006, 5 min. Marcus Coates a enregistré une collection de chants d’oiseaux britanniques, qu’il a ensuite ralenti afin que les chants puissent être reproduits par une voix humaine.Il a filmé 17 volontaires chantant les versions ralenties dans leur habitat «naturel». Les images et sons recueillis ont été accélérés afin de retrouver la hauteur du chant des oiseaux. Les chanteurs produisent un son très réaliste, et leurs mouvements accélérés évoquent clairement ceux d’oiseaux.

*Wood & Harrison, Night and Day, 2007, 17 min. (courtesy : Stefan Von Bartha, Von Bartha Contemporary, Basel. Night and Day est montré dans l’exposition «DIMENSIONEN» Von Bartha Contemporary, Basel , 31mai-31juillet 2008) Entre tragique et comique, poétique et burlesque, John Wood et Paul Harrison (leur première collaboration date de 1993) comptent aujourd’hui parmi les artistes les plus représentatifs de l’art vidéo britannique.

*Emily Wardill, Sick Serena and Dregs and Wreck and Wreck, 2007, 10 min, (16mm) Sick Serena... résiste délibérément à toute lecture bien établie, mélangeant iconographies médiévales et références modernes non sans humour et distance. Les films de Wardill déconstruisent leurs propres langages visuels, comme une tentative de redonner du pouvoir au regardeur d’une part, puis soulignant d’autre part l’étrangeté irréductible des images.

*Rachel Davies, We Got Old, 2002, 10 min. Cette collaboration avec la chorégraphe Annie Lok met en image une série de tableaux qui revisitent le lieu d’un souvenir. Tourné à Londres et Hong Kong, le film fait allusion aux sentiments de nostalgie et d’acceptation du temps qui passe.

*John Smith, Throwing Stones, 2004, 11 min. (sous-titré) Alors que la caméra est à l’affût derrière une fenêtre de barreaux et que la cloche sonne quatre heures dans une ville suisse, la mort de Yasser Arafat provoque un point de départ pour un voyage en arrière dans le temps.

*Wood & Harrison, Fan/Paper/Fan, 2007, 3 min. 16 La musique et la danse sont les sujets obliques de Fan/Paper/Fan. Un morceau de papier est maintenu droit de manière périlleuse au dessus d’une table, secoué entre deux courants d’air provenant de ventilateurs éléctrique qui se font face.

Mercredi 28 mai 2008 – 19h00 «Stories from Another Place»

Fondés sur un sens du lieu, les paysages et environnements construits fournissent les éléments de base d’une invention visuelle ou narrative. Le cadre institutionnel et froid de Sebastien Buerkner ouvre sur des instants intenses de rêverie subjective, alors que Laure Prouvost présente un monde où le quotidien charrie de sombres visions et des sensations déroutantes. La vidéo de Charlotte Ginsborg glisse subtilement d’observations de l’actualité à des fictions construites, tandis que les paysages fictifs de Beijing conçus par Rachel Reupke basculent du présent vers un futur imaginé.

*Rachel Reupke, Now Wait for Last Year, 2007, 9 min. 02 Now Wait for Last Year a pour point de départ l’affiche d’un développeur de Pékin. Hybride entre vision d’architecte et caméra de surveillance, les bâtiments de la ville sont présentés les uns après les autres en autant de plans fixes à vue unique, pour un résultat aussi monumental qu’irréel. Basées sur des photographies et soumises à une postproduction visible, ces images peuvent difficilement être associées à une époque ou un lieu. L’esthétisme du collage mêlé à la conception incongrue de certaines des structures amènent l’observateur à se demander si ces immeubles existent réellement dans le Pékin actuel, sont des projets destinés à de futurs développements, ou appartiennent à l’imaginaire de l’artiste.

*Charlotte Ginsborg, The Mirroring Cure, 2006, 28 min. Traçant la vie d’un grand chantier de construction de démolition à l’accomplissement du nouvel espace de bureau, The Mirroring Cure se développe à partir du regard de la secrétaire générale qui décide d’interviewer les employés qui y travaillent. Elle veut comprendre leur rapport avec le travail, leurs espoirs, craintes et inquiétudes aussi bien que les effets de l’architecture sur le comportement. Tourné en 16 mm au commencement comme un documentaire détaillant la complexité de cinq identités qui suivent de près les transformations constantes de leur environnement. lfilm va peu à peu incorporer des éléments fictifs laissant la visionneuse incertaine quant à la place de la réalité dans ses recherches.

*Laure Prouvost, Abstractions quotidiennes, 2005, 12 min. Dans ses « abstractions quotidiennes », des visuels d’ espaces urbains périphériques ternes mènent à des écrans monochromes de couleurs saturées qui ont le même pouvoir paralysant que les projections de lumières à la manière de James Turell. Mais l’excentricité de Prouvost relève aussi les émotions inconfortables du quotidien dans un cortège du répulsif et du dégradé.

*Tim Shore, Cabinet, 2007, 18 min. 20 Une petite cabane rustique dans le Montana sert de point de départ au film Cabinet de Tim Shore. C’est dans une cabane semblable à celle-ci que le terroriste américain Theodore John Kaczynski, plus connu sous le nom de Unabomber, a rédigé son manifeste « La société industrielle et son avenir », une critique philosophique du progrès technologique. Le Washington Post publia son manifeste en 1995, avec pour condition que l’Unabomber mette fin à ses activités terroristes. Cabinet prend la mesure du décalage entre l’argumentation irrationnelle de Kaczynski et la violence avec laquelle il tenta de la propager. Cabinet cherche à déconstruire et à saboter l’histoire de l’Unabomber, une histoire bien souvent romancée.

*Sebastian Buerkner, Purple Grey, 2006, 8 min. Une vive imagination peut être une distraction autant séduisante que débilitante. Les fantaisies les plus sinueuses, les associations et les flashbacks offrent une attrayante évasion : même une salle mondaine peut être rendue supportable grâce à ce morphing du temps et de l’espace. Mais dans ce cas, la pléthore d’imagerie, de pensées, de significations se transforme peu à peu en une obstruction insensible et morne.

*Semiconductor, Magnetic Movie, 2007, 4 min. 47 La vie secrète remarquable des invisibles champs magnétiques interplanétaires, révélés en tant que géométries inconstantes de l’environnement humain. Toute l’action prend place dans les laboratoires des sciences de l’espace de la NASA, où les scientifiques décrivent avec enthousiasme leurs techniques de visualisation de l’espace.

Jeudi 29 mai 2008 – 19h00 «Music Lost and Found»

Une célébration de la relation entre image et musique, la musique étant tour à tour comprise comme structure, comme objet matériel, comme signe, comme véhicule d’une performance, comme énergie brute et comme plaisir. Ce programme inclut des œuvres britanniques plus anciennes, parmi lesquelles les expérimentations filmiques quasi musicales de Stefan et Franciszka Themerson à Londres entre 1944 et 1945, les manipulations visuelles et sonores de Guy Sherwin sur les mouvements d’un train (1977-2000), ainsi que les animations à partir de cassettes magnétiques démantelées, trouvées dans les rues de l’est de Londres par John Smith et Graeme Miller en 2001.

*Fransiska & Stefan Themerson, The Eye and the Ear, 1944-5, 10 min., (16 mm) Traduction du son en images à partir de 4 chansons de Szymanowski. Les techniques expérimentales de leurs films concernaient des lumières et des ombres mobiles passant sur des objets. Elles sont élaborées à partir des improvisations des Themerson sur le photogramme, 1928-35. Les images ont été pour la plupart fabriquées sur une ‘table à tricher’ improvisée, une invention de Stefan Themerson. Il plaçait divers objets sur une feuille de papier translucide elle-même placée sur une plaque de verre. L’éclairage était au-dessus, et il photographiait ces images par en-dessous (image par image).

*John Smith & Graeme Miller, Lost Sound, 2001, 28 min. Le film aborde le thème de la fragmentation et la décomposition à travers les relations tissées entre l’enregistrement sonore et la scène urbaine (Londres). Lost Sound présente des cassettes audio jetées dans les rue de l’est londonien en combinant le son de chaque morceaux avec l’endroit dans lequel elles ont été trouvées. Une ville qui a priori semble compréhensible est révélée comme un mystère indéchiffrable et instable ; Nous savons plus des figures humaines qui y passent que de ce qui est enregistrée sur les bandes sonores. Comme souvent dans le travail de Smith, la structure représentative elle-même semble s’effondrer.

*Ann Course & Paul Clark, Ann(i)mated, 1993, 3 min. Ann course conçoit ses œuvres avec des intentions les plus modestes : dessiner avec un crayon ou un stylo sur un papier A4 ; il s’agit de filmer avec une simple caméra plus que de véritable animation. Les qualificatifs comme original, audacieux, innovant, révélatoire ne s’appliquent pas au programme de l’artiste. Authentique, provocateur, archétypal et inconditionnel sont des termes plus appropriés. Une honnêteté pure et brutale émane de ces simples mais fortes configurations. Paul Clark est peintre et collabore parfois avec Ann Course dans la réalisation de ces films. Dans Ann(i)mated, Ouverture par le vagin bulbeux et ondulant de la mère sortant de sous sa robe, un enfant dans ses bras. «Commencer à débuter ne pourrait jamais se produire, débuter au commencement pourrait être la fin.»

*Guy Sherwin, Rallentando, 1977/2000, 9 min. (16mm) Mouvements d’accélération et de décélération d’un train, de la vitesse de projection du film et de la musique issue de Pacific 231, symphonie d’Arthur Honegger dédiée à la locomotive.

*Jayne Parker, Foxfire eins, 2000, 12 min. Performance filmée du violoncelliste Anton Lukoszievize, FoxFire Eins natrimpentothal (1993), est le titre d’une composition pour instrument seul de Helmut Oehring. Dans FoxFire Eins le violoncelliste doit jouer en pinçant et en frappant des deux mains les cordes, qui sont baissées d’une quarte juste. L’enfant de parents profondément sourds, la première langue d’Oehring est celle des signes. Oehring entend la musique comme des gestes - pour lui la musique vient du mouvement.

*Sebastian Buerkner, Peak Project, 2005, 6 min. Peak donne un aperçu des coulisses d’une invraisemblable production théâtrale. Des décors sont construits, du matériel est testé alors que des personnages surréels répètent leurs rôles ou bien tuent le temps. Des illusions théâtralement visuelles laissent entrevoir une possible courbure de l’espace et du temps, alors que les accessoires sont vivants et font tout naturellement partie de la troupe. Leurs dispositions forment un jeu d’allégories selon le langage du symbolisme théâtral; la pré-production s’avère être un espace où des formes irréelles peuvent répéter leur existence future. On ne peut que deviner le type de pièce qu’elle pourront donner, ou le moment du lever de rideau…

*Ann Course & Paul Clark, Recruitment Video, 2000, 2 min. Troubles de collaboration et guerre relationnelle alors que nous célébrons notre jouissance destructrice. On pisse triomphalement dans des cratères d’explosions alors qu’un singe danse. La tête clownesque de l’homme politique brille alors qu’il vomit des instructions depuis le poste de télévision. Troubles de collaboration et guerre relationnelle alors que nous célébrons notre jouissance destructrice.

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PROJECTIONS
NOUVELLE CRÉATION ANGLAISE
Carte blanche à Miranda Pennel

mit Ben Rivers, Jayne Parker, Marcus Coates, John Wood / Paul Harrison, Emily Wardill, Rachel Davies, John Smith, Rachel Reupke, Charlotte Ginsborg, Laure Prouvost, Tim Shore, Sebastian Buerkner, Semiconductor , Fransiska & Stefan Themerson, John Smith & Graeme Miller, Ann Course & Paul Clark, Guy Sherwin, Jayne Parker