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Charles Goerg avait dédié, en 1987-1988 au Musée Rath, une très belle exposition à l’ensemble de la revue Minotaure. Aujourd’hui, parallèlement à l’exposition Giacometti – Balthus – Skira | Les années Labyrinthe, 1944-1946 – présentée dans les murs du Musée d’art et d’histoire –, le Cabinet des estampes revisite la revue à tête de bête à travers la gravure surréaliste et son environnement. Albert Skira (1904-1973) ouvre sa fabuleuse maison d’édition en 1928 à Lausanne (très vite transférée à Genève) où, à partir de 1931, il publie des ouvrages de grand luxe: Les Métamorphoses d’Ovide illustrées par Picasso, les Poésies de Mallarmé illustrées par Matisse (1932), Les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont illustrés par Dalí (1934). Afin d’assurer aux ouvrages une bonne distribution, Skira imagine la création d’une revue qu’il décide de lancer à Paris en s’alliant la contribution de Tériade pour l’édition ainsi que celle d’artistes et d’écrivains tels que Picasso, Breton, Bataille ou Masson. Le premier numéro de Minotaure voit le jour en juin 1933 et offrira à ses lecteurs – jusqu’à son interruption au début de la Seconde Guerre mondiale – treize livraisons révélant des illustrations en couleurs et des reproductions d’une excellente qualité technique, peu communes aux périodiques de l’époque. Les éditeurs se sont fixé la délicate tâche de rendre compte de l’esprit des mouvements contemporains par le texte et l’image tout en cherchant à démontrer que l’art, la science et la littérature sont inextricablement liés. Ainsi Minotaure, dans le rôle de témoin, explore le vaste panorama des années 1930 et devient un lieu de rencontre et de discussion. Le mouvement surréaliste occupant une place prédominante dans les arts, c’est tout naturellement qu’il en va de même dans la revue – dès 1937, André Breton en sera le rédacteur en chef. Quand bien même le projet de Skira n’était pas de créer une revue surréaliste, la sortie de Minotaure coïncide avec le dernier numéro du Surréalisme au service de la révolution et se situe à une époque où Documents, la revue liant Bataille, Leiris et Masson, avait cessé de paraître depuis trois ans déjà. Chacun des numéros de Minotaure rassemble artistes, écrivains, philosophes, critiques, psychanalystes et ethnologues et demande à être lu comme une œuvre collective, polyphonique. Devant la multitude des pistes proposées, le Cabinet des estampes a choisi de se concentrer sur la gravure surréaliste – au travers des oeuvres de Kurt Seligmann, de Giorgio De Chirico (oeuvre reconnue comme fondatrice de l’esthétique surréaliste), des collages et des frottages de Max Ernst, des photographies de Hans Bellmer ou encore des rayographies de Man Ray –, de même que sur quelques artistes contemporains, estimés des surréalistes, parmi lesquels figuraient Marcel Duchamp ou Pablo Picasso. Enfin, l’exposition tentera d’évaluer l’impact du mouvement surréaliste sur l’esthétique de Minotaure, car tout ici est question d’échanges et de rencontres comme en témoignent les multiples réponses à l’enquête (surréaliste) réalisée dans le numéro double (nos 3-4): «Quelle a été la rencontre capitale de votre vie?»

Véronique Yersin

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Chants exploratoires - Minotaure
La revue d´Albert Skira (1933-1939)
Kurator: Veronique Yersin

mit Kurt Seligmann, Giorgio De Chirico, Max Ernst, Hans Bellmer, Man Ray, Marcel Duchamp, André Breton, Georges Bataille, Pablo Picasso