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Poursuivant chacun leurs activités entre New York, Paris, Milan, Tokyo ou Prague, les trois curateurs Julie Boukobza, Simon Castets et Nicola Trezzi développent une activité hybride qui croise critique d’art et curating. Réunis pour la première fois, ils conçoivent leur exposition « Champs-Elysées » comme un cimetière où les oeuvres jouent avec esthétique funéraire et persistance des rites mortuaires. L’espace de l’exposition comme cimetière trace un nouveau périmètre d’investigation qui met en abîme la pratique curatoriale et approfondit la relation de l’art avec son éternel conjoint, la mort.

Champs élysées : Dans la mythologie grecque, partie des Enfers, séjour des héros et des hommes vertueux après leur mort. (Larousse)

Dans « Loss of Breath » (1832), Edgar Allan Poe souligne la valeur esthétique du tombeau lorsqu’il commet un lapsus révélateur confondant les termes sépulture et sculpture : « we arrived at the place of sculpture, and I felt myself deposited within the tomb1. »

Née de croyances religieuses surannées et de considérations hygiénistes datées, l’institution funéraire continue néanmoins de matérialiser le souvenir du défunt. Survivant à la sécularisation des sociétés occidentales, le cimetière demeure un espace intensément investi, le lieu incontournable du repos post-mortem, la villégiature obligatoire des morts enterrés ou incinérés. Bien que conçu pour accueillir les cadavres, le cimetière, créé par et pour les vivants, est un reflet de son environnement socioéconomique, verni d’une illusion d’éternité.

« Champs élysées » invite une vingtaine d’artistes à bâtir par leurs oeuvres, pièce par pièce, un cimetière modèle à l’intérieur de l’espace d’exposition, réexaminant les aspects décoratifs et performatifs du funéraire au sein d’une mise en scène immersive. Rappelant la théorie du musée comme cimetière, l’exposition transpose l’esthétique du cimetière dans le musée même. Décrits par Paul Valéry comme des simples amalgames de « visions mortes2 », les musées semblent parfois se muer en cimetières d’idées éteintes. Dans « Champs élysées », des représentations artistiques de la mort et du cimetière invitent paradoxalement à considérer la vivacité de l’espace d’exposition.

L’exposition suggère des liens entre les éléments esthétiques et les fonctions sociétales du cimetière, décelant dans la persistance du rite funéraire un enjeu artistique fertile. Les artistes sélectionnés donnent à voir non seulement l’image statique et éculée de la nécropole idéale – stèles, chrysanthèmes, croix, larmes, portraits de défunts, urnes écoresponsables – mais aussi ses usages parallèles, visites guidées, cérémonies de magie noire, tournois d’échecs et rencontres furtives.

CURATEURS Julie Boukobza vit à New York, où elle exerce la profession de journaliste et critique d’art. Elle contribue à de nombreuses publications françaises et internationales dont Art Press, L’Officiel Art, PIN UP, Double et Frog. Parallèlement à son activité journalistique, elle a fondé en 2010 le site MODERN TALKING, un projet éditorial illustrant les formes contemporaines de la conversation. Elle a récemment lancé la série de symposiums « We Own The Night », dont la première édition s’est tenue à la galerie Marianne Boesky (New York) en Septembre 2012.

Simon Castets vit à New York, où il travaille comme curator indépendant. Ses projets récents incluent les expositions de groupe « Cherry Picking » à la galerie Karma International, Zürich, « A Stone Left Unturned » à la galerie Yvon Lambert, Paris, et « Aftermath » à la galerie Taka Ishii, Kyoto. Il prépare une exposition personnelle de Sarah Ortmeyer chez Federico Vavassori, Milan, et co-organise avec Hans Ulrich Obrist le projet « 89plus », une série d’expositions, publications et panels sur la génération d’artistes nés en 1989 et après.

Nicola Trezzi vit à New York où il occupe le poste de US Editor pour Flash Art International. Il contribue à de nombreuses publications dont Il Sole 24 Ore (Milan), Monopol (Berlin) et Flatt (New York). Il a été invité à donner des conférences à Yale University (New Haven) et Bezalel Academy of Arts and Design (Tel Aviv). Il a co-organisé les expositions suivantes : « Painting Overall » à la 5ème biennale de Prague, « Four Rooms » au CCA, Varsovie, « Modern Talking » au Muzeul National de Arta Cluj-Napoca et « Circa 1986 » au HVCCA, Peekskill.

AVEC Harold Ancart, Danai Anesiadou, Matteo Callegari, Valentin Carron, Anna Craycroft, Trisha Donnelly, Ida Ekblad, Simone Fattal, Lara Favaretto, Hans-Peter Feldmann, Ian Hamilton Finlay, Susan Hefuna, Tom Holmes, Jamie Isenstein, Esther Kläs, Henri Labrouste, Maria Loboda, Goshka Maçuga, Rodrigo Matheus, Martin Maugeais, Duane Michals, Sarah Ortmeyer, Sarah Pucci, Auguste Rodin, Cindy Sherman, Haim Steinbach, Alice Tomaselli

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Champs Elysées

artists:
Harold Ancart, Danai Anesiadou, Matteo Callegari, Valentin Carron, Anna Craycroft, Trisha Donnelly, Ida Ekblad, Simone Fattal, Lara Favaretto, Hans-Peter Feldmann, Ian Hamilton Finlay, Susan Hefuna, Tom Holmes, Jamie Isenstein, Esther Kläs, Henri Labrouste, Maria Loboda, Goshka Macuga, Rodrigo Matheus, Martin Maugeais, Duane Michals, Sarah Ortmeyer, Sarah Pucci, Auguste Rodin, Cindy Sherman, Haim Steinbach, Alice Tomaselli

curators:
Julie Boukobza, Simon Castets, Nicola Trezzi