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Née en 1920, Anna Halprin est active depuis les années 60. L'exposition que lui consacre le Musée d'Art Contemporain de Lyon rétablit le rôle essentiel qu'elle a joué dans le domaine de la performance comme dans celui de la musique (avec John Cage, Terry Riley, La Monte Young et bien d'autres), des arts plastiques (avec entre autres Robert Morris et Charles Ross) et de la danse (avec, notamment Simone Forti, Yvonne Rainer)...

Parallèlement à Fluxus, elle introduit la Vie et l'Event, et inversement. Personnalité hors norme entre les arts visuels, la danse et la musique, Anna Halprin crée des oeuvres qui s'inscrivent pleinement dans ce contexte d'effervescence artistique et d'agitation politique. Elle est notamment l'inventeur de la notion de "PERFORMANCE" qu'elle intitule surtout "Instant Theater", Kaprow les nomme "Happening", Brecht "Event".

L'influence d'Anna Halprin se traduit ainsi :

- L'introduction du quotidien dans les chorégraphies transforme et renouvelle la chorégraphie qui devient performance. - Avec elle, la scène n'est plus le théâtre de l'action. - Anna Halprin envisage la performance comme un élément de mobilité sociale. - Anna Halprin a été un extraordinaire catalyseur de la danse et de la musique dans les années 60 et l'une des personnalités phares de la côte Ouest des Etats-Unis.

L'exposition présentée au Musée d'Art Contemporain de Lyon rassemble des photographies et des films inédits (entre autres, Out of Boundaries, sur Anna Halprin, réalisé par Jacqueline Caux. Trio A, sur une chorégraphie d'Yvonne Rainer, 1966. Suite for Two, sur une chorégraphie de Merce Cunningham, 1961). Des enregistrements sonores (de Luciano Berio, La Monte Young et Terry Riley). Des documents d'archives ainsi que des partitions originales (de John Cage, La Monte Young et Terry Riley).

Biographie d'Anna Halprin

Chorégraphe californienne, Anna Halprin a profondément influencé et renouvelé la danse, la musique et les arts plastiques de ces quarante dernières années. En 2006, elle poursuit ses recherches et son enseignement à Kentfield (Californie) dans son studio et sur son plateau de danse construit en plein air par son mari, l'architecte paysagiste Larry Halprin.

Après avoir pratiqué des dissections du corps humain lors de ses études, travaillé dans le style Denishawn et étudié la "Modern Dance", elle s'enthousiasme à la fin des années trente pour les recherches du Bauhaus. Elle retient l'idée qu'il faut abolir la notion de créateur solitaire pour lui substituer celle de création collective.

En 1942, elle rencontre John Cage, Merce Cunningham et Robert Rauschenberg.

Elle fonde en 1949, la "Dance Coopérative", qui devient en 1955, le "San Francisco Dancers' Worshop" et dont les directeurs musicaux sont Terry Riley et La Monte Young. Elle s'engage dès lors dans des recherches incessantes à partir d'improvisations.

En 1957, elle introduit la notion de "Task" (tâche) et définit un des axes majeurs de ce que sera la post-modern dance : l'entrée des gestes du quotidien dans le champ de la danse. Elle réalise enfin ce qui sera appelé plus tard "performances" et qu'elle nomme "actions" en intervenant dans des chantiers, des rues ou des parkings. En 1972, atteinte d'un cancer, elle surmonte la maladie et prend la décision de travailler avec des personnes gravement malades. Parallèlement, durant toutes ces années, elle ne cesse de mener ses "rituels" dansés à travers la ville et dans la nature.

Les apports d'Anna Halprin

L'introduction du quotidien dans les chorégraphies transforme et renouvelle profondément la danse.

En effet, dès 1962, elle introduit le quotidien dans ses chorégraphies avec la notion de "Task", soit des tâches quotidiennes comme manger, se laver, se vêtir, porter dans des pièces, telles que Appartment Six - 1965, et The Bath - 1967. Ces dispositifs intéressent des artistes comme Robert Morris ainsi que d'autres danseurs à l'origine de la Judson Church Dance, comme Simone Forti, Yvonne Rainer ou Trisha Brown. Avec Anna Halprin, c'est par le quotidien que se transforme la danse.

Avec elle, la scène n'est plus le théâtre de l'action.

D'autre part, délaissant les endroits habituels dévolus à la danse, elle est l'une des premières à travailler en plein air (sur le fameux plateau de danse construit par son mari architecte-paysagiste Lawrence Halprin). Avec Airport Hangar (1957) elle intervient dans un hangar désaffecté d'un aérodrome puis elle investit la rue à partir des années 60 avec par exemple, San Francisco Automobile Event et bien sûr la nature (Full Moon Event). Avec Anna Halprin, la danse n'a plus de site propre. Elle est possible partout.

Anna Halprin envisage la performance comme un élément de mobilité sociale.

Décloisonnant la danse, Anna Halprin est la première chorégraphe à travailler avec des personnes noires. A la suite des émeutes de Watts (banlieue de San Francisco où se déroulèrent en 1965 des affrontements très violents entre des Noirs et la Garde Républicaine "Blanche"), elle forme un groupe de performeurs mixte (Noirs et Blancs) et travaille pendant plusieurs années avec un groupe multi-ethnique jusqu'à perdre toutes ses subventions.

La nudité, qui est aujourd'hui très présente dans toute une grande partie de la danse contemporaine, trouve une de ses origines avec Anna Halprin. C'est en 1965, avec Parades and Changes créé avec le compositeur Morton Subotnick que la nudité fait irruption.

Anna Halprin a été un extraordinaire catalyseur de la danse et de la musique dans les années 60 et l'une des personnalités phares de la côte Ouest des Etats-Unis.

Il faut insister sur ce point : tout un pan important de la création artistique américaine est née en Californie avant de se développer à New York et Anna Halprin en a été l'une des principales personnalités. Le workshop en constante évolution qu'elle a créé à Kentfield a permis la rencontre féconde d'artistes venus de la danse, telles que Simone Forti, Yvonne Rainer, Trisha Brown et Meredith Monk, mais aussi de sculpteurs, tels que Bob Morris et Charles Ross, de cinéastes, tels que Stan Brackage, de compositeurs et improvisateurs, tels que la Monte Young -le créateur de la musique minimaliste- et Terry Riley -celui de la musique répétitive-. Ainsi que d'autres compositeurs, tels que Pauline Oliveros et Morton Subotnick, membres du "San Francisco Tape Music Center", ou encore Luciano Berio et Cathy Berberian qui collaboreront avec elle pour Esposizione et Visage.

L'exposition

Cette rétrospective s'ouvre sur la chorégraphie qui fit scandale aux Etats-Unis en 1967, Parades and Changes, et qui s'articule autour des gestes du quotidien, tels que s'habiller et se déshabiller (salle 1). Parce qu'il montrait des danseurs nus, le spectacle fut interdit aux Etats-Unis durant vingt ans alors qu'il avait remporté un vif succès lors de sa première présentation en Suède en 1965.

Les deux salles suivantes (Salle 2 et 3) présentent les "Tasks" (tâches) si important dans le travail d'Anna Halprin, à travers des photographies et des extraits de films d'époque : dans Appartment Six (1965), l'artiste explore sur scène les relations humaines réelles qui se sont établies entre elle et certains membres de son groupe, dans The Bath (1967), on se lave sur scène, dans The Lunch (1968) on mange, on boit, on marche, on court.

L'influence réciproque de la musique et de la danse s'exprime à travers les pièces sonores et les interviews de compositeurs qui ont travaillé avec Anna Halprin, Terry Riley (Salle 4), La Monte Young (salle 5), Luciano Berio (salle 6). Cette même relation s'exerce également dans ses chorégraphies : Birds of Paradise (1960) créée sur le Trio for String, toute première pièce minimaliste de La Monte Young, ou encore The Four Legged Stool (1962) créée sur l'une des premières compositions musicales pré-répétitives de Terry Riley Mescaline Mix.

Son apport essentiel à la "post-modern dance" se révèle également dans les chorégraphies (salle 7) de danseurs qui ont travaillé avec elle et qui furent les fondateurs du Judson Church Dance : Simone Forti, Robert Morris, Yvonne Rainer, Trisha Brown, Meredith Monk et Merce Cunningham.

Sa proximité du quotidien entraîne Anna Halprin dans les rues de Los Angeles à la suite des émeutes raciales de Watts en 1965 qu'elle retraduit dans Ceremony of US, réalisée avec des danseurs noirs rejoints ensuite par des groupes multiraciaux (salle 8). Mais sa conception particulière de la danse s'exprime également dans son approche plastique de la chorégraphie, révélée pour la première fois dans ses "partitions" (salle 8).

Son cancer qu'elle choisit de "danser" (salle 9) marque une ouverture plus marquée sur le rapport entre l'homme et la nature (salle 10 et 12) et accentue le regard qu'elle porte sur la maladie et la mort (salle 12).

Le très beau film de Jacqueline Caux, commissaire de l'exposition, clôt cette rétrospective par une conversation et des images inédites d'Anna Halprin (salle 13).

La commissaire de l'exposition : Jacqueline Caux

Elle a réalisé des émissions de recherche pour France Culture et des courts métrages expérimentaux. Elle est l'auteur d'un livre d'entretiens avec Luc Ferrari, l'un des pionniers de la musique concrète, "Presque rien avec Luc Ferrari", Éditions Main d'oeuvre, 2002, et a publié un livre sur Louise Bourgeois, "Tissée, tendue au fil des jours, la toile de Louise Bourgeois", Éditions du Seuil, 2003.

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Anna Halprin, à l'origine de la performance
Kurator: Jacqueline Caux